Comment charger plus vite les batteries (avec l’alternateur du moteur)

Sur un voilier, les instruments et les appareils ont tous besoin d’électricité pour fonctionner. Cette énergie provient du parc des batteries. Et ce dernier nécessite d’être rechargé en permanence.

Car le frigo, très gourmand en énergie, tourne en permanence. Et ne parlons même pas de longues navigations quand tout est allumé 24h/24. L’autopilote et les instruments de navigation et de sécurité explosent la consommation en énergie.

Alors on multiplie les différentes sources d’énergie sur le bateau : panneaux solaires, éolienne, hydrogénérateur, groupe électrogène. Sauf qu’ils demandent tous un coût de quelques milliers d’Euros.

Pourtant, il y a déjà une source d’énergie sur le bateau. C’est le moteur.

Oui, vous êtes au courant, on s’en doutait. Mais saviez-vous que le moteur ne charge pas efficacement les batteries ? Eh bien, nous non plus.

Et saviez-vous qu’il était possible de diviser ce temps de chargement par deux voire cinq ?

Nous allons vous expliquer dans cet article comment optimiser la recharge moteur avec un chargeur (booster) d’alternateur.

Le moteur comme source d’énergie à bord d’un voilier

Le moteur in-bord n’est pas une solution durable pour recharger les batteries. Surtout pas sur un voilier en tour du monde comme le nôtre. Nous sommes tout à fait d’accord. Cependant, si de temps en temps, vous êtes en manque d’énergie, le moteur fait parfaitement l’affaire.

Son grand avantage est qu’il ne demande aucune installation supplémentaire et que les quelques litres de diesel ne vont pas ruiner votre porte-monnaie. Y avoir recours de manière occasionnelle peut s’avérer bien plus avantageux financièrement que d’installer un nouveau panneau solaire ou une éolienne ou un générateur mobile.

Dans notre cas, nous avons dû faire tourner le moteur pour recharger les batteries dans un cas très particulier. Pendant les longues traversées quand le ciel est couvert toute la journée. C’est-à-dire une fois pendant la traversée entre le Portugal et les Iles Canaries, une fois entre les Canaries et le Cap Vert et six fois pendant la transatlantique. Oui, vous avez bien lu, au milieu de l’Atlantique, le soleil peut faire grève plusieurs jours de suite.

Le moteur et son alternateur pour charger les batteries

Justement, lors de notre transat, nous avons pu faire un bilan. Notre source d’énergie sont nos deux panneaux solaires. Après une nuit de navigation et une journée sans soleil, il a fallu faire tourner le moteur pendant deux heures afin d’être à 100% des batteries avant le coucher du soleil. Et cela 6 fois sur les 15 jours de traversée.

Sauf que mettre le moteur en marche quand il y a de la houle et que le bateau roule de droite à gauche (car vent arrière) n’est pas idéal pour un moteur. Et en plus, le moteur fait du boucan. Mais alors, comment faire pour accélérer le chargement ? Mettre plus de vitesse (plus de tours/minute) ? De plus, nous avons remarqué que quelques minutes après la mise en route du moteur, les batteries chargeaient de moins en moins vite.

La faute à l’alternateur. C’est une pièce sur le moteur qui permet de transformer l’énergie mécanique du moteur en énergie électrique pour les stocker dans les batteries. Suite à notre transat, un ami nous a expliqué l’inefficacité des alternateurs sur les moteurs des bateaux.

Ils ne sont tout simplement pas conçus pour envoyer en permanence une charge maximale de courant jusqu’à ce que les batteries soient chargées. Ce que notre ami nous a appris était stupéfiant.

En fait, un alternateur n’est efficace que les quelques premières minutes et ensuite, ça charge diminue drastiquement. Car à la base, ces alternateurs sont faits pour les batteries de démarrage qui ne subissent pas de décharge profonde et non pas pour les batteries de servitude.

Le chargeur d’alternateur (le booster) pour une recharge rapide des batteries

Alors comment faire pour que l’alternateur envoie une charge optimale en permanence et diminue ainsi le temps de chargement des batteries ? Une solution existe. C’est une bonne nouvelle. Par contre, elle est payante.

Cette solution s’appelle le chargeur d’alternateur ou le booster d’alternateur. Il s’agit d’un boîtier qui optimise la recharge moteur du parc des batteries depuis l’alternateur du moteur. Son installation est vraiment facile, notre capitaine Ivo le confirme.

Le chargeur d’alternateur est basé sur un principe simple. Il « trompe » l’alternateur en simulant une batterie déchargée pour que celui-ci lui fournisse un maximum de courant.

Seatronic

Pour en savoir plus, vous trouverez une très bonne explication de ce système ainsi qu’un comparatif sans et avec un chargeur dans la fiche produit Sterling de la société Seatronic, un spécialiste de l’électricité et de l’informatique marine.

[PDF] L’optimisation de la recharge des parcs de batteries de service depuis l’alternateur du moteur

Le modèle du booster d’alternateur doit être adapté à la puissance de votre installation électrique (12 ou 24V) et à la puissance de l’alternateur de votre moteur. Dans notre cas 12V et 80A (moteur Perkins 50HP sur un Bénéteau Océanis 440).

Nous avons installé le chargeur d’alternateur de la marque Sterling Power Products, modèle Sterling Power ProAlt C ACAB12080, prix : environ 400€.

Effectivement, un booster représente un certain coût. Mais nous avons beaucoup de chance, car des amis nous l’a offert en cadeau. Un énorme merci à Vincent et Kaisa. Sans eux, nous n’aurions même pas su toute cette histoire de l’inefficacité du chargement.

L’installation du chargeur d’alternateur

Comme indiqué dans la notice d’emballage, l’installation est simple même pour des non spécialistes comme nous. Pas besoin de bidouillage compliqué ni sur le moteur, ni sur l’alternateur, ni sur le circuit électrique.

La vidéo d’Ivo vous explique comme il a fait. Il n’a rencontré qu’une seule difficulté. Sur notre moteur Perkins, il fallait raccorder en plus l’alternateur au démarreur du moteur.

Le booster d’alternateur – notre avis

Une bonne gestion d’énergie à bord est primordiale. Toutefois, il n’est pas toujours évident d’estimer sa consommation en énergie. Dans ce cas, vous ferez comme nous, vous la découvrirez en cours de route et vous ajusterez soit vos sources d’énergie soit votre parc de batteries.

Un booster peut s’avérer une bonne solution dans des cas comme le nôtre. Car nos panneaux solaires nous suffisent ainsi que le nombre de batteries. Il serait bien utile également sur les bateaux de charter qui font tourner leurs moteurs à outrance pour recharger les batteries.

Comme le booster permet de diminuer d’au moins de moitié le temps de chargement, cela représente également une économie en diesel, en bruit et heures-moteur. Nous venons juste de l’installer. Mais dès que nous aurons suffisamment de recul, nous vous ferons un retour sur l’expérience plus détaillé.

Mais n’oubliez pas qu’un moteur ou un alternateur peuvent aussi tomber en panne même si ça reste exceptionnel. Nous en savons quelque chose. Il faut toujours avoir un plan B.

Et encore un dernier conseil. Si vous faites tourner le moteur en navigation dans le seul but de recharger vos batteries, avec ou sans booster, pensez à éteindre les instruments, l’autopilote et éventuellement les feux de navigation. Cela vous permettra de recharger vos batteries encore plus vite et de malmener le moteur dans des conditions de houle.

6 réflexions sur “Comment charger plus vite les batteries (avec l’alternateur du moteur)”

  1. bonjour les marins, l’électricité à bord est primordiale . Je ne connaissais pas ce système pour augmenter la charge complète des batteries . Juste pour te dire qu’il me semblerait sage de faire une estimation de tes besoins en énergie : un bilan de consommation , en considérant une navigation de nuit (12 h feux de nav) + pilote auto + traceur + veille VHF + 6 h d’éclairage carré/cabine , en fonction des conso données pour chaque appareil d’après notices , ramenées en A/h . Pour le frigo idem , essaie de voir le nbre de démarrage en journée et combien de temps il tourne (la nuit sans l’ouvrir tu devrais consommer 3 fois moins) . Tu ramènes le tout en Ampère/heure et tu auras une bonne idée de tes besoins en générateurs (altrnateur du moteur,photovoltaique, hydo ou éolien et capacité de batterie . Si tu n’as pas de radar, je pense que ce doit être le frigo le plus gourmand donc il faut éviter de l’ouvrir trop souvent et surtout veiller à sa bonne ventilation ! Je suppose aussi que tout ton éclairage est en LED . C’est un réel plaisir de lire tes articles très pratiques , de bon sens et de bon conseil pour les néophytes et même les voileux endurcis !
    Es-tu satisfait de ton Oceanis 44 ?
    Bonne route et bon cap , au plaisir de tes prochains articles ( si tu souhaites des infos sur Madagascar n’hésites pas) . Cordialement , Bernard

    1. Bonjour Bernard,

      Estimer la consommation est un vrai casse-tête surtout quand on n’y connais rien au bateau et quand on n’a pas une idée précise de ce qu’on va installer comme électronique à bord.
      On a aussi plutôt tendance à rajouter des appareils avec le temps. Après 2 ans sur le bateau autour du monde, on a besoin d’un certains confort.

      Nous avons remarqué que nous avions le plus gros souci avec la consommation d’énergie quand plusieurs jours avec nuages se suivaient. Eh oui, même aux Caraïbes, ça arrive de ne pas voir du soleil pendant 2-3 jours de suite. Et pendant la transat aussi, presque une semaine entière avec plein de nuages.

      Notre Océanis 440 est un vrai charre d’assaut, très costaud. Construit il y a 30 ans avec des matériaux solides.
      Une chose qui peut être vue comme un désavantage, c’est le contre-moule. Car tous les tuyaux et les câbles électriques passent sous le contre-moulage et par conséquent, très difficile d’accès en cas de fuite ou de remplacement.
      Mais ça peut aussi être vu comme un avantage car ça permet de solidifier la structure du bateau.
      Franchement, Océanis 440 est une bonne construction.

      Nous espérons un jour arriver jusqu’au Madagascar, il faut juste être hyper patient. Alors volontiers pour les infos quand ça sera à l’ordre du jour.

      A très bientôt.

  2. Bonjour,
    Merci pour cet article. Une question : tout le monde semble recommander l’utilisation du Citrix CT pour relier l’alternateur aux batteries moteur + service, du coup c’est quoi la différence ?

    1. Bonjour Augustin,

      Nous ne connaissons pas Citrix CT. Selon la description, ça a l’air d’être juste un contrôleur, ce qui est déjà pas mal.

      En ce qui concerne notre équipement, nous avons deux contrôleurs de batteries.
      Un contrôleur sur le MPPT qui régule la charge qui arrive depuis les panneaux solaires et qui nous indique l’état de la charge fait par le MPPT, le voltage et le niveau de la charge des batteries.
      Un deuxième contôleur à la sortie des batteries pour remesurer la tension, le voltage et la consommation.

      Ce booster que nous citons dans cet article sert à réguler la charge qui vient du moteur vers les batteries service. La batterie moteur n’est pas importante car elle est chargée quasi sans arrêt. Mais les batteries service, qui sont très différentes de la batterie moteur, car à décharge profonde, celles-ci ont besoin de trois cycles particuliers pour être chargées: bulk, absorption et float. Et donc ce booster dont on parle dans l’article permet de réguler la charge pour les 3 cycles de charge.

      Si le Citrix CT n’est qu’un contrôleur, alors il ne régule pas la charge pour les 3 cycles. Alors que un vrai booster le fait.

      Cela dit, pour un bateau grande croisière, il faut impérativement avoir un contrôleur de batteries. Ca permet d’une part de savoir à quel niveau de charge se trouvent les batteries et quel est leur état. Ca évite de se faire griller les batteries. Ca nous est arrivé. Un tel contrôleur ne coûte pas cher comparé au coût si les batteries sont grillées.

      Le booster n’est pas indispensable pour un bateau grande croisière car il vaut mieux avoir des panneaux solaire et/ou une éolienne que de charger les batteries avec le moteur.

      On espère que cette explication est claire.

      Equipage Silkap.

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