Quels sont les dangers de la navigation en voilier

Vous avez certainement entendu parler des histoires de navigation qui font froid dans le dos. Voilier qui coule, incendie, bateau qui se prend la foudre, démâtage en traversée, collision et pire encore.

Quels sont les vrais dangers de la navigation à la voile ?

Si vous ne connaissez pas grand-chose aux bateaux comme c’était notre cas avant de partir en tour du monde à la voile, vous trouverez la réponse dans cet article.

On vous dira probablement que la mer est trop dangereuse. Bien plus que le voyage en voiture ou en avion.

Quand nous avons annoncé à nos familles notre projet fou de tout quitter pour partir voyager en voilier autour du monde, elles ont essayé de nous en dissuader. Pour eux c’était trop risqué. Il faut dire que nos familles y connaissaient autant aux bateaux que nous. C’est-à-dire rien du tout.

Au fur et à mesure de notre aventure maritime, nous avons gagné en expérience et avons vécu plusieurs moments difficiles en mer.

Des périples en bateau, personne n’y échappe, c’est incontournable. Faire de la voile est loin d’être une occupation de tout repos.

La navigation en mer en voilier : est-ce dangereux ?

Oui, la navigation en mer comporte des risques. En navigation à la voile, le danger vient du fait qu’on se trouve sur l’eau. Autour et au-dessous du bateau il y a de l’eau à profusion.

Si la mer se déchaîne, s’il y a un problème avec le bateau ou avec l’équipage, impossible de garer son bateau comme on le ferait avec une voiture sur un parking.

Il n’existe pas d’échappatoire quand on est à bord d’un bateau. Il faut savoir gérer le problème en regagnant les côtes ou en attendant les secours. De jour comme de nuit, par beau temps comme par mauvaise météo.

Les problèmes s’additionnent à terre, par contre en mer ils se multiplient. Nous dirions même qu’un problème peut devenir exponentiellement dangereux en mer.

Par exemple une ancre au mouillage qui ne tient pas bien ou une bouée d’amarrage qui lâche pendant la nuit et vous pouvez finir avec le bateau dans les rochers en quelques minutes.

De nuit on ne voit rien, il est difficile de se repérer, le stress et l’adrénaline montent. Dans la panique et dans le stress, les mauvaises décisions commencent à s’enchaîner.

Sur un bateau, on peut passer très vite du paradis à l’enfer. Mais en prenant des cours, en pratiquant et en ne pas sous-estimant la mer, on apprend à mieux gérer les risques.

Principaux risques sur un voilier de plaisance

Ce qui défraie le plus les chroniques sont les accidents spectaculaires et rares comme un bateau qui coule, qui finit dans les rochers, qui démâte, qui se prend la foudre.

Depuis que nous avons commencé la voile, c’était en 2014, nous nous rendons compte que les vrais dangers de la navigation de plaisance viennent des sources suivantes.

1. Le capitaine

On dit que le plus gros danger pour un bateau est le capitaine lui-même. Comment comprendre cela ?

Un voilier est un engin flottant complexe. Et le capitaine endosse des rôles multiples pour faire fonctionner cet engin et pour le maintenir à flot : pilote, régleur de voile, mécanicien, électricien, réparateur, météorologue, lecteur de cartes marines, couturier, peintre, menuisier…

Comme le champ des connaissances à acquérir est très vaste et demande du temps, le capitaine commettra des erreurs à cause de son ignorance et en sous-estimant les éléments. Mais il apprendra grâce à ces erreurs.

La navigation n’est pas un loisir tranquille. La météo peut s’aggraver, le vent se lever, une panne ou une casse de l’équipement peuvent survenir, ainsi qu’une blessure d’un membre de l’équipage.

Il faut savoir réagir très vite sur un voilier dans ces cas-là. Le capitaine doit prendre une décision dans l’urgence pour faire face aux situations critiques. Mais il reste un humain.

Et sous le stress, sous l’effet de l’adrénaline, en cas d’inattention ou de fatigue, il ne prendra pas toujours la bonne décision. Cela vaut aussi pour un capitaine expérimenté.

2. La météo

La météo est un gros ennemi du voilier, au même titre que pour n’importe quel autre moyen de transport. L’état de la mer dépend directement des conditions météorologiques.

Dès que le vent se lève, les vagues se forment et peuvent atteindre plusieurs mètres. Les vagues malmène le bateau ainsi que son équipage et le risque d’accident et de casse du matériel augmente considérablement.

Le vent et les rafales peuvent également causer des dommages sur un bateau. Plus la surface des voiles est grande, plus la force exercée sur les voiles et toute la structure est grande.

En navigation, il faut surveiller en permanence la force du vent et ajuster la voilure pour ne pas déchirer les voiles, coucher le bateau ou le faire démâter.

Au mouillage, la vigilance est pareille. Un vent qui se lève soudainement peut causer le dérapage d’une ancre et le bateau finira dans un autre bateau, dans les rochers, échoué sur une plage ou il dérivera vers le large.

Un plaisancier vérifie la météo avant de sortir naviguer. Les prévisions météo sont fiables jusqu’à 3 jours à l’avance.

Pour une croisière de plusieurs jours ou semaines, il est primordial de vérifier les conditions météorologiques régulièrement pour adapter la route ou pour se mettre à l’abri. Chaque région géographique a ses spécificités météorologiques sur lesquels il faut se renseigner à l’avance.

3. Pannes et casse

Les pannes et la casse sur un voilier sont courantes et font partie intégrante de l’aventure. L’équipement se détériore très vite malgré qu’il soit construit avec des matériaux solides et résistants. Le vent, l’air salin, les UV, les vibrations, l’humidité usent très vite tout ce qui se trouve à bord.

Un joint usé qui fait rentrer de l’eau, les coutures d’une voile qui lâchent, une connexion électrique qui s’oxyde, un moteur qui ne démarre plus, un autopilote qui s’arrête de fonctionner, une barre à roue (le volant) qui se bloque, un enrouleur de voile qui se bloque… Tout peut tomber en panne.

Sur un voilier, c’est comme un jeu de domino. Une panne entraîne souvent d’autres problèmes. On passe très vite du paradis à l’enfer.

Un plaisancier doit avoir des pièces détachées à bord, savoir réparer son équipement et être préparé à affronter des situations d’urgence. Et surtout, il doit en permanence entretenir l’équipement.

4. Accidents

Les accidents « domestiques » à bord d’un voilier sont bien plus courants qu’on ne le pense. Un bateau flotte sur l’eau et la mer bouge en permanence à cause des vagues, du courant, de la houle, des marées.

On perd très facilement l’équilibre. Les mouvements sont inattendus et violents. On se cogne, on se blesse, on tombe, on se fait projeter, on glisse, on se brûle, on se coupe, on tombe à l’eau.

Ça part d’un simple accident domestique jusqu’à un accident grave ou mortel.

Atteindre les côtes en voilier et avoir des secours en cas de situation grave peut prendre plusieurs heures voire plusieurs jours en cas de plus longues traversées.

Navigation côtière et hauturière : qu’est-ce qui est le plus dangereux ?

La navigation côtière comporte bien plus de risques que la navigation hauturière. Même si très souvent, les gens pensent le contraire.

La navigation côtière s’étend jusqu’à 2 miles des côtes (3.7 km). Les côtes sont truffées de dangers : rochers, hauts-fonds, bouées de pêcheurs, bouées de signalisation, autres bateaux, épaves, ports, zones de rafales…

La navigation côtière demande une attention permanente de la part du plaisancier. Le temps de réaction pour éviter un danger ou en cas de panne est réduit.

Les plaisanciers sont également moins vigilants comptant sur les secours en cas de problèmes. Même à nous, les pires mésaventures nous sont arrivées près des côtes.

La navigation hauturière comporte un autre type de risque. On se trouve en haute mer au-delà des 60 miles des côtes (111 km). Cela correspond à au moins une demi-journée de navigation loin des côtes jusqu’à plusieurs jours voire semaines. La navigation hauturière sous-entend également la navigation de nuit.

Le bateau en haute mer est loin de tout, loin des secours, livré à lui-même. Si un problème arrive, il faut que le capitaine et l’équipage puissent se débrouiller sans compter sur l’aide.

Toutefois, quand on part en navigation hauturière, le capitaine prépare sa croisière à l’avance. Il inspecte le bateau, prévoit la météo, les provisions, le matériel de réparation.

Il prend moins de risques, est plus attentif et emporte avec lui une balise de détresse (EPIRB) et/ou un téléphone satellite.

Dangers de la traversée de l’Atlantique en voilier

Le principal danger de la traversée de l’Atlantique à la voile vient du fait qu’on se trouve loin de tout pendant deux à trois semaines. Au milieu de l’océan il n’y a pas de secours, pas de shipchandler, pas de mécanicien, pas de supermarché.

On est seul au milieu de nulle part, sans rien à l’horizon et le temps passe très lentement. Le bateau navigue non-stop, jour et nuit, 24h/24, pendant 2 à 3 semaines. Ça représente 330 à 500 heures de navigation en continue.

D’une part, l’équipement est sollicité en permanence et subit une usure importante. Une traversée de l’Atlantique équivaut au moins à 3 ans de navigation d’un plaisancier habituel.

Les vibrations, le frottement, la tension exercée sur le matériel peuvent entraîner la casse et les pannes des équipements. Le capitaine doit être en mesure de les réparer en cours de route.

D’autre part, la consommation électrique augmente. Les instruments de navigation, la VHF (radio), l’AIS, l’autopilote, le frigo, les feux de navigation, éventuellement le radar, le congélateur, tout cela doit être alimenté en permanence.

Les sources d’énergie (panneaux solaires etc.) doivent donc être suffisantes ainsi que le parc des batteries. Il faut également compter que n’importe quel équipement électrique peut tomber en panne.

Un autre danger d’une longue traversée concerne l’équipage. Il peut se blesser ou tomber malade, développer une infection. Il faut donc pouvoir apporter les premiers soins et avoir une pharmacie à bord.

Avoir pour une transatlantique des coéquipiers que l’on ne connaît pas bien peut devenir également une source de problèmes. Car on vit dans un espace confiné pendant longtemps et il faut gérer des conflits et des désaccords.

Conclusion

La navigation de plaisance en voilier comporte des risques et des dangers. Le fait de se trouver sur l’eau complique énormément les choses car il n’est pas possible de descendre du bateau pour se mettre à l’abri.

N’importe quelle panne peut finir en catastrophe ainsi qu’une l’inattention du capitaine.

Pour diminuer ces risques, le meilleur moyen de commencer est de prendre des cours de voile ou éventuellement faire le permis mer. Vous aurez ainsi quelques bases.

Comme les compétences nécessaires sont très vastes, le meilleur moyen est de pratiquer.

6 réflexions sur “Quels sont les dangers de la navigation en voilier”

  1. Bonjour Dajana et Ivo,
    Bel article qui permettra peut-être à certains de ne pas partir « la fleur au fusil » et donc sans les précautions élémentaires comme d’avoir un minimum de connaissances nautiques, mécaniques, médicales, un bateau préparé (mais pas forcément neuf…) et que l’on connaît, donc stock de pièces d’usures et d’entretien, etc. D’avoir de la nourriture variée et « consistante » pour les longues nuits de veille qui, mine de rien, fatiguent et consomment pas mal de calories, d’avoir un moyen de prendre la météo le long du parcours, j’en passe.
    Ne pas oublier une caisse de bord ou des moyens financiers suffisants pour parer aux grosses pannes, à l’usure du matériel, à l’entretien, aux visas et formalités, même si la vie itinérante semble moins chère que la vie à terre avec ses tentations.
    Mais avec des « si », soit on ne part pas, soit on part mais après une longue préparation et une bonne réflexion (et un ou une bonne équipier (-ère)) et un couple soudé devant l’adversité.

    Perso, les tracas administratifs et les « bakchichs » m’ont toujours agacés profondément, mais dès que j’en aurai la possibilité, cap à l’ouest !
    Amicalement, Philippe

    1. Salut Philippe,
      Oui, qui aurait cru que la navigation était si complexe. On ne part pas en bateau comme on partirait en voiture.

      Le budget, effectivement il faut l’avoir. Entretenir un bateau sur lequel on vit 365j par an demande un budget. Mais ça reste accessible, pas besoin d’être millionnaire.

  2. DOMINIQUE PHILIPPOZ

    Ben dis-donc, après avoir lu l’article, je n’ai plus l’envie de tenter l’aventure…..(Je vous admire déjà pour avoir osé tenter l’aventure car même si j’en avais , une fois, l’envie, je n’aurai pas eu le courage de le faire. Donc, encore Bravo et félicitations pour vos articles qui reflètent bien la réalité d’un voyage en voilier et pas seulement « tout est beau, soleil, farniente etc…) Je vous souhaite une belle nav et continuer à nous abreuver d’infos de vos pérégrinations.
    Amitiés
    Dominique

    1. Dominique,
      Finalement c’est une bonne chose de partir un peu ignorant. Ainsi on fait plus de choses.
      Nous admirons tous les pêcheurs et tous les marins car ils n’ont pas un métier facile.
      Nous nous en rendons compte maintenant.

      Une chose est sûre, avec l’expérience on arrive à mieux prévoir les situations difficiles et du coup on diminue les risques en navigation.

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